Séries et philosophie : quelques lectures

Du poème de Parménide à La nausée de Sartre, la fiction a toujours été un allié inséparable de la démarche philosophique. Il est donc naturel que la série télévisée, dernière arrivée au rang des œuvres culturelles légitimes (pour certaines d’entre elles en tout cas, à savoir généralement les Drama), soient à leur tour investies par des philosophes.

Les Etats-Unis étant sur ces questions de légitimité de la culture de masse beaucoup plus rapides que nous, il est assez naturel que les deux premiers livres que je vais vous présenter succinctement ici, et la collection dont ils sont tirés, proviennent de cette partie du globe.

            
Sous l’intitulé fourre-tout de « Les secrets de (la famille la plus célèbre d’Amérique, d’un antihéros, …) » se cache, en effet, un titre original bien plus évocateur : « (The Simpsons, House, …) and Philosophy, (the d’oh ! of Homer, Everybody Lies, …) ». Regroupant une série d’articles de professeurs de philosophie des quatre coins du continent, cette collection propose de mettre en lumière les très nombreux questionnements que soulèvent les séries télévisées, ainsi que les positions qu’elles adoptent à leur encontre.
Traitant autant de la démarche par hypothèses chez House que d’une morale de l’excentricité, de l’anti-intellectualisme américain soulevé par le personnage de Lisa Simpson que du rôle de la fiction, ces livres proposent une grande diversité de sujets. Tous ne vous intéresseront donc probablement pas autant mais vous trouverez toujours sujet à réflexion et approfondissement.

De notre côté de l’Atlantique à présent, Thibaut de Saint Maurice propose en deux volumes « Philosophie en séries » qui se propose d’aborder à chaque fois une dizaine de concepts à la lumière d’une série différente : Prison Break et la liberté, The Soprano et l’inconscient, … La démarche est ici forcément plus superficielle puisque chaque sujet (et donc chaque série) est traité en une dizaine de pages. Moins destinés à démontrer la force philosophique des séries, ces livres ont par contre l’avantage de fournir de bonnes idées aux enseignants qui désirerait animer et illustrer un cours abordant ces notions.

Enfin, et même s’il s’agit ici de cinéma, je ne peux que conseiller l’excellent livre d’Ollivier Pourriol « Cinéphilo » qui, pour le coup, est un vrai ouvrage philosophique, passionnant et extrêmement bien conçu. Quoique l’on s’éloigne encore de l’analyse de fiction telle que j’essaie de la pratiquer, ce travail de commentaire de Descartes et Spinoza pose également quelques questions stimulantes sur le rapport entre fiction, imagination et réalité, expérience.