Philoséries, Buffy Tueuse de vampires

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Après avoir dégusté la série en quelques mois au début de cette année (je vous faisais part de mon coup de foudre ici), et sur les conseils du podcast « Pourquoi Buffy c’est génial », j’ai évidemment sauté sur cet ouvrage collectif.

Comme c’était déjà le cas pour mes autres lectures du genre (à retrouver ici), la variété des sujets et des intervenants explique évidemment une certaine disparité dans l’intérêt que l’on peut trouver à la lecture d’un tel ouvrage. Tous les articles ne m’ont pas intéressé et je ne vous cacherai pas que j’ai trouvé le tout un peu léger pour la trentaine d’euro qui en est demandé. Même si j’appuie totalement et souhaite encourager ce genre d’initiative en Europe francophone, j’ai cependant l’impression qu’il s’agissait là encore pour certains d’une récréation peu sérieuse permettant un relâchement de la rigueur, le tout parfois aux dépens d’un contenu suffisamment conséquent.

Encore une fois, ce n’est cependant pas le cas de tous les articles. Je vais donc me pencher sur les quelques points intéressants que j’ai pu tirer de cette lecture.

Dans l’avant-propos, proposé par les instigatrices du projet, Sylvie Allouche et Sandra Laugier, tout d’abord se trouve développée l’idée, empruntée à Stanley Cavell, que la culture populaire permettrait une forme d’éducation de soi à travers « le partage et le commentaire d’un matériau public et ordinaire, intégré dans la vie quotidienne ». Cette conception d’une amélioration de soi au contact répété, et souvent « passif », d’une culture commune qui nous travaillerait en profondeur dans un mouvement constant entre subjectif et intersubjectif me parait particulièrement riche pour une réflexion philosophique sur le caractère à la fois universel et particulier de la fiction.

En explorant, ensuite, les voies pour philosopher avec les séries, Sylvie Allouche présente quelques pistes intéressantes pour s’interroger sur une démarche qui mérite d’en éclaircir les enjeux. Ainsi, entre « propédeutique à l’éthique », valeur cognitive et/ou symbolique des mondes fictionnels ou étude des enjeux philosophiques développés au sein de l’univers mis en œuvre, les démarches ne manquent pas et ne soulèvent clairement pas les mêmes questions.

Enfin, même si je passe bien sûr quelques autres passages intéressants, l’article de Pascale Molinier sur la représentation de la sexualité par la série est particulièrement enrichissant, et agréable à lire, ce qui ne gâche rien. On y retrouvera, en plus de l’exploration de son objet, une page interpelant l’ambigüité de telles productions culturelles de masse, entre subversion de la représentation et assimilation des « déviances ».

Par ailleurs, sa digression sur le caractère fictionnel de la cohérence du moi et la prise en compte du rôle les langages et récits culturels partagés, et plus ou moins légitimes, pour lui donner une certaine consistance se révèle aussi pertinente que stimulante pour toute personne s’intéressant non seulement aux fondations partagées de nos subjectivités, mais aussi à l’apport spécifique des fictions face aux discours « rationnels ».

A lire et soutenir donc malgré son caractère inégal…