Fargo est de retour !
octobre 28, 2015
Cet article a fait d’objet d’une publication antérieure sur le site de Small Things.
Il en est des séries comme des gens, chaque nouvelle rencontre est faite d’appréhension et d’excitation, d’attente et de préjugés, d’automatismes polis et de surprise. Certaines ont déjà une fameuse réputation qui les précède, et que le premier contact nous permet de confirmer ou d’infirmer, d’autres déboulent au contraire sans que rien ne nous y prépare.
Malgré son titre, et la reprise qu’elle propose de l’univers mis en place par le film iconique des frères Coen, Fargo faisait plutôt partie de la deuxième catégorie pour moi tant je n’en attendais rien lorsque j’en ai lancé le premier épisode. Et là, comme dans les comédies romantiques, mon cœur s’est arrêté… Le coup de foudre venait de me frapper et plus rien ne pourrait désormais être comme avant.
Autant dire que, malgré les revisionnages, sa présentation à chacun de mes proches et les discussions énamourées avec ses autres prétendants, l’attente depuis son passage furtif dans ma vie s’apparente à une forme particulièrement élaborée de torture tant la lame du souvenir de chacun de ses contours provoquait en moi une douleur vive et lancinante, me faisait l’effet d’une douce agonie.
C’est donc le désir plus aiguisé que jamais que je me suis lancé cette semaine dans ce début de saison 2. J’étais prévenu, entre temps elle avait changé, pris un style plus rétro, adopté d’autres personnalités, et pourtant ces retrouvailles m’ont fait le même effet que si nous ne nous étions jamais quittés. Comme au premier jour, je me suis surpris à m’émerveiller, à ne pas réussir à contenir la joie immense qui jaillissait de moi en éclats de rire francs et clairs, à rester sans voix devant la singularité de chacun de ses gestes.
Nous embarquant plus de 25 ans avant les événements décrits dans la première saison, Fargo nous montre immédiatement la couleur, très seventies, de sa nouvelle proposition en s’ouvrant sur une scène burlesque d’attente au sein d’un décor de cinéma représentant le massacre de Sioux Falls. Le ton décalé se trouve ainsi d’emblée réinvesti à travers cette introduction mêlant habilement mise en scène de l’extrême violence et situation grotesque.
Et de fait, la série prend ici un aspect un peu plus choral qu’en saison 1, où elle se concentrait davantage sur la figure de Lester, les enjeux semblent un peu moins personnels, mais le ton reste indéniablement le même. Subtil mélange de personnages simples, et parfois simplets, et de situations atroce de cruauté et d’insensibilité, Fargo pourrait porter un discours sur banalité du mal, elle est surtout un bijou d’humour noir.
Car plus qu’ailleurs, on s’amuse dans cet univers. Tout au long de l’épisode, au fil des propositions tant formelles que scénaristiques, on a l’impression d’être Dexter, invité à jouer par le tueur du camion frigorifique, et nous aussi on a follement envie de jouer avec ce nouvel ami qui semble nous comprendre mieux que nous ne nous connaissons nous-même et nous offrir ce que nous n’avions encore aucune conscience de vouloir.
Les personnages sont aussi justes qu’ils sont improbables, les dialogues nous enchantent par leur absurdité, chaque scène comporte un détail qui nous invite à participer pleinement à l’expérience proposée, l’illusion réaliste se trouve sans arrêt perturbée au profit du jeu. Tout semble pensé pour introduire de la surprise dans la quotidienneté et du quotidien dans le surprenant. Le casting est impeccable, la réalisation réjouissante et les dialogues caustiques à souhait.
En un mot comme en mille, si vous ne deviez faire qu’une rencontre cette saison, vous ne risquez pas de vous tromper en choisissant Fargo. Drôle et brillant, créatif et généreux, accessible et ambitieux, c’est le genre d’ami que l’on garde pour la vie.
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