Narcos : Pablo… et puis le reste

Cet article a fait d’objet d’une publication antérieure sur le site de Small Things.

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Proposant, dans cette première saison, de retracer le parcours du cartel de Medellin et de son chef, Pablo Esquobar, Narcos fait immédiatement mouche grâce à un pilote à la fois original, instructif et particulièrement efficace et à un personnage central fascinant, impeccablement interprété par Wagner Moura.

Peu au fait des évènements que la série entreprend de raconter, je me suis donc d’emblée laissé prendre au jeu de sa voix off, donnant les clés d’interprétations historiques et géopolitiques des évènements dont la fiction nous laisse entrevoir l’aspect plus subjectif et individuel. La manière dont le développement de ce trafic est mis en parallèle avec la lutte américaine contre le communisme dans cette région, par exemple, permet une lecture politique des événements qui n’est pas pour me déplaire.

J’ai également beaucoup apprécié l’usage savamment dosé d’images d’archive auxquelles elle se réfère lors de moments clés. J’ai, enfin, adoré suivre la musique des deux langues qu’elle fait intelligemment cohabiter. Mais plus que tout, j’ai aimé cet Esquobar bonhomme et bestial, dont les crimes n’arrivent jamais à faire oublier les rêves de grandeurs, dont l’audace force l’admiration, nous rendant quasiment insensible à la souffrance qu’il inflige sur son passage.

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Ainsi, c’est lorsqu’elle se risque à fouiller la psychologie de cet homme que la série réussit le mieux à happer notre attention. Présenté comme profondément attaché à son pays, fier de ses origines modestes et de sa réussite, le Pablo de Narcos nous touche par sa naïveté lorsqu’il rêve de politique. Bien qu’à l’origine de massacres absolument sanglants, on ne peut s’empêcher de voir un homme parfois animés d’excellentes intentions.

Pourtant, l’enchantement du pilote passé, mon impression générale sur la série s’est peu à peu modérée. Ainsi, plus on avance dans les épisodes et plus souvent il nous arrive de chercher l’heure du regard. La sensation de longueur n’empêche pourtant pas quelques sauts dans le temps que la narration ne permet pas toujours de suivre. Ainsi, on s’étonne parfois de voir les enfants de Pablo plus grands alors qu’on n’avait pas la sensation qu’autant de temps s’était écoulé, ou au contraire rester les mêmes lorsqu’on croyait avoir couvert une période bien plus longue.

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Par ailleurs, la narration peine parfois à choisir quelle voix adopter, ce qui nous pousse à prendre les informations qu’elle nous transmet avec un esprit de plus en plus critique. Oscillant entre la neutralité informative et le point de vue subjectif intra-diégétique, la voix off ne parvient pas toujours à convaincre de la véracité de l’interprétation que la série nous propose des faits. Le point de vue apparait parfois simpliste et manichéen et a de plus en plus de mal à s’accorder avec la reconstitution des épisodes intimes, forcément plus fictionnalisées.

Enfin, en dehors de l’aura dévorante de son personnage principal, Narcos n’arrive à nous rendre personne véritablement sympathique ou intéressant. La plupart des personnages secondaires sont interchangeables, voire insignifiants. Même la tentative de nous dépeindre un José Rodriguez paranoïaque et fou dangereux se révèle peu convaincante, et finalement anecdotique. Face à ce constat, rien d’étonnant donc à ce que les personnages de femmes soient si caricaturaux et dépourvus de toute nuance.

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Au final, si j’ai pris plaisir à suivre cette première saison, c’est surtout parce que j’ai appris des choses sur un sujet manifestement passionnant. La figure légendaire d’Esquobar permettait par ailleurs d’y ajouter une dimension épique particulièrement bienvenue. Par contre, ce que les derniers épisodes laissent deviner de la saison 2 m’a semblé plus frustrant qu’enthousiasmant, par leur volonté manifeste d’en garder sous le coude pour plus tard, et je crains que, si Narcos reste sur la même lancée, la suite ne finisse par vite devenir imbuvable.