Playing House, avant de tourner la page de l’été
septembre 8, 2014
Cela fait un petit temps maintenant qu’on assiste à une stagnation assez inquiétante au rayon des sitcoms. Malgré quelques univers plaisants, on ne peut que constater combien les non renouvellements de la fin de saison ont tranché vive toute relève potentielle. Les projets ne manquent pas mais peinent manifestement à trouver leur public et les networks ne sont plus prêts à leur laisser le temps de s’installer.
Plus que tout autre, pourtant, le genre comique exige un temps de familiarisation. Le rire naît du partage d’une culture, d’un univers, d’un horizon d’attente commun et pour créer cette connivence avec le public cela peut prendre une demi, voire une saison complète, parfois plus.
Essayez de vous souvenir de votre état d’esprit lorsque vous avez vu pour la première fois un épisode de The Big Bang Theory, Arrested Development ou même des Simpsons. Au mieux, vous y avez vu un potentiel intéressant, au pire les personnages vous ont rebuté ou l’intrigue vous a semblé poussive. Pourtant, au bout de quelques semaines vous avez saisi les ressorts comiques et vous riez maintenant de bon cœur avant même que Sheldon ne remarque que quelqu’un a pris sa place ou qu’une farce de Bart ne retombe sur le principal Skinner.
Bref, vous avez appris. La meilleure preuve en est que si vous essayer d’en regarder un épisode avec un ami totalement novice, il est plus que probable que vous rirez seul, au point souvent de passer pour un imbécile, et que votre ami, exclu de la relation de connivence établie, jugera avec d’autant plus de sévérité l’objet de votre hilarité inexplicable.
S’il est donc dommage de constater que les networks ne laisse plus le temps aux comédies qu’ils lancent de se créer leur public, le niveau des sitcoms sorties pour l’été était plus navrant encore. Parmi ces quelques tentatives, il en est pourtant une dont j’estimerais dommage de ne pas faire l’éloge avant que la marée que nous prépare la rentrée ne vienne tout balayer de nos vacances.
Diffusée par USA Network, Playing House, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, n’a vraiment pas fait de bruit et j’ignore totalement si elle a été ou sera renouvelée pour une deuxième saison. En une dizaine d’épisode, pourtant, elle a réussi à mettre en place un ton, un univers, des personnages et un propos à la fois attachants et originaux. Organisée autour de la relation entre deux meilleures amies d’enfance se retrouvant grâce à la grossesse de l’une d’elles, la série, créée par les deux actrices interprétant les rôles principaux, propose à la fois une grande fraîcheur de ton, des personnages secondaires savoureux, un propos terriblement humain, … mais plus encore, même si je sais combien le dire entraînera automatiquement le désintérêt d’une partie du public, il s’agit d’une série de femmes intelligentes, qui ne se prennent pas au sérieux et proposant des rôles féminins très éloignés de tous les poncifs habituels.
Il serait donc dommage de n’y voir qu’une série pour femmes. (Dieu sait pourtant que cette distinction a encore court dans le paysage des séries, les séries pour femmes étant destinées aux femmes, un peu comme les séries destinées à une communauté, tandis que les séries présentant le traditionnel héros mâle, blanc et hétérosexuel, selon la formule consacrée, constituent le neutre de la fiction télévisuelle.) C’est avant tout une comédie, une qui donne envie de rire avec elle, et, rien que pour ça, il ne faudrait pas tourner trop vite la page de notre été 2014.
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