Un parcours sériephile, le mien
janvier 19, 2016
C’est en lisant Tom Witwicky et les 60 séries qui ont marqué son parcours que j’ai eu envie de me pencher sur le mien, non pas qu’il soit particulièrement intéressant mais parce qu’il est assez différent et explique donc probablement en partie mes attentes et mes passions actuelles. Si ma sériephilie est faite de passion, en effet, elle n’a cependant pas des racines aussi lointaines que d’autres.
Enfant, je n’ai eu que très peu accès à des séries télévisées. Un weekend sur deux, lorsque j’allais chez mon père, je pouvais passer ma matinée à regarder ce qui passait mais l’intérêt restait superficiel, puisque espacé. Je me souviens que ma Mamy regardait Dallas et qu’on chantait le générique en chœur, je me rappelle que mon père aimait assez Madame est servie, que j’étais attirée par les personnages qui me faisait rire comme Looping dans L’agence tout risque et Starsky dans Starsky et Hutch (évidemment) et que je devais en pincer un peu pour le beau sourire de Ponch dans Chips.
Adolescente, j’étais déjà très imprégnée du mépris que ma maman portait à la télévision. Je regardais avec assez de régularité Beverly Hills tout en portant un regard très distancié sur cette pratique. Par contre, j’avais pris l’habitude de regarder les mêmes films des dizaines, voire, pour certains, des centaines de fois à cette époque, ce qui me fait dire que j’avais déjà alors quelques prédispositions pour ma passion actuelle, encore dormante. Les quelques films sur lesquels j’ai le plus usé mes yeux s’appelaient La crise, Cuisine et dépendances, Hook (avec ma petite sœur), Le cercle des poètes disparus, Les nuits fauves et California Man (avec mon petit frère).
A 18 ans, je débutais mon indépendance et la vie à deux dans un petit appartement, sans le sous et donc sans grand accès à la diversité des chaines. Entre la RTBF et Canal + en clair, j’ai cependant découvert avec joie Seinfeld et High Incident, mais aussi Homicide, Le caméléon et Profiler, des séries très importantes qui ont véritablement marqué un tournant dans ma manière de regarder la création télévisée. Je découvrais soudain que les séries pouvaient être intelligentes et manifester un véritable talent d’écriture notamment.
Peu de temps après débarquait Ally McBeal, la première série pour laquelle il fallait absolument que je sois présente. Je revêtais avec bonheur, semaine après semaine, la nostalgie que m’inspirait la série et je restais dans cet état longtemps après que l’épisode se soit achevé. C’est aussi la première fois que j’ai admiré la manière dont de simples dialogues avaient réussi à sortir l’intrigue d’une ornière dont je craignais qu’elle ne puisse jamais se dépêtrer. C’est à la même époque que les Simpson sont devenus nos compagnons quotidiens, que South Park renversait un peu tout ce que je croyais possible en télévision et que je découvrais Six Feet Under et Urgence, pour lesquels mon assiduité a cependant souffert des aléas de la diffusion télévisée.
Mon diplôme de philo en poche, c’est alors que les années les plus sombres de ma vie ont commencé. Après une première expérience terrifiante dans l’enseignement, le temps s’écoulait sans que je sache quoi faire de ma vie. Alors que j’étais habitée par un fort sentiment d’injustice et d’impuissance, la découverte de New York District et la consommation intensive de ses très nombreux épisodes m’ont permis de prendre conscience de l’effet apaisant que pouvaient aussi avoir les séries sur nos vies. Par ailleurs, la rencontre avec Daria me confrontait pour la première fois à un personnage de fiction qui me ressemblait, ce qui me donna l’occasion de prendre du recul et de m’observer de l’extérieur. L’emprise de la fiction sur ma vie faisait encore un pas, elle m’incitait à me remettre en question et à agir.
Enfin, arriva Dawson ! Tombée par hasard sur la scène du baisé volé entre Pacey et Joey dans l’épisode Cinderella Story, j’ai été happée par l’intensité qui se dégageait de ce couple d’acteurs. J’ai donc commencé à regarder les jours suivants mais plus la saison avançait et plus j’avais peur et, lorsque Joey monte enfin sur le bateau pour un été en mer, j’avais décidé de m’arrêter là, sachant que l’histoire ne pourrait que se dégrader pour eux et que je n’en sortirais pas indemne. J’ai malgré tout fini par acheter les DVD et visionner la suite. Comme vous pouvez vous en douter, ça n’a pas manqué, la rupture fut atroce et je fini effondrée de chagrin.
Tant d’émotion ne pouvait cependant que m’interpeller, Dawson est donc ma première obsession sérielle ayant justifié de très nombreux visionnages. En parallèle, après les avoir vues plusieurs fois à la télévision, j’achetais également les 9 saisons de Seinfeld pour pouvoir continuer à les regarder régulièrement. Enfin, les séries New York 911 et Cold Case, mais aussi Scrubs et That 70’s Show devenaient des rendez-vous incontournables de ces années-là.
En 2005, je reprenais des études en faculté de communication et, alors que je m’étais engagée dans la filière relation publique, je bifurquais pour l’option bien moins prisée d’analyse des médias. Après quelques travaux d’analyse qui m’ont passionnée et un mémoire sur South Park, je prenais enfin conscience de l’immense terrain de jeu qui s’offrait à moi et je ne l’ai plus quitté depuis. C’est à partir de ce moment, il y a donc à peine une dizaine d’années que mon obsession pour les séries s’est véritablement épanouie. Plus encore que tout autre raison, c’est leur potentiel en tant qu’objet d’étude qui justifie mon intérêt. Et ma décision d’y consacrer ma thèse, toujours en cours, participe du même mouvement.
En 10 ans, j’ai suivi de près les nouveautés et tenté de rattraper tant bien que mal le retard que pouvait accuser ma sériephilie pour les fictions achevées. La question de ma légitimité au sein des sériephiles se pose, en effet, toujours à moi vu le caractère atypique de mon parcours, même si je sais qu’il est évidemment impossible d’avoir une connaissance encyclopédique en la matière. En quelques années, cette soif de découverte m’a poussé à regarder quelques-unes de mes séries aujourd’hui préférées en tête desquelles Oz, Buffy, The Wire ou Deadwood. Certaines, pourtant cultes, n’ont par contre jamais réussi à m’accrocher comme The X-Files, The West Wing ou Twin Peaks, comme si l’époque nécessaire pour les apprécier pleinement était tout simplement à jamais révolue pour moi, que j’étais arrivée trop tard.
Ma hâte, aujourd’hui, est d’en découvrir encore autant, même si ma passion se heurte de plus en plus souvent à l’indisponibilité de certaines séries en DVD pour l’Europe, comme c’est le cas, par exemple pour Felicity dont j’aimerais tant découvrir les trois dernières saisons. A suivre donc…