Les séries doivent-elles refléter le réel ou satisfaire nos fantasmes ?

Lorsqu’on est un peu sensibilisé aux questions de la représentation des femmes, des étrangers ou des homosexuels, par exemple, dans les mass-média, la tentation est grande de voir en permanence dans les séries la perpétuation de stéréotypes en tout genre.
Qu’il s’agisse de représentations positives, comme « la bonne mère », « le gay créatif », ou négatives, comme « la petite frappe latino » ou « l’ex dérangée », la crainte est grande de voir ces images plaquées telles quelles sur des individus bien réels.
On aurait dès lors tendance à exiger de nos fictions un plus grand réalisme.
Pourtant, depuis la nuit des temps, la reprise sous forme sans cesse renouvelée des mêmes archétypes empruntés aux récits bibliques, mythologiques ou aux contes populaires semble démontrer leur caractère universel et éternel.

Pourquoi se priver du fantasme de la femme fatale ou de l’amour fusionnel sous prétexte qu’ils véhiculent des préjugés ?
Toute fiction n’est-elle pas de toute façon l’expression d’un universel sous les traits du singulier ?
Sans doute. Et pourtant, cela ne dispense en rien le créateur, comme le public, d’éviter la répétition ou l’apparente évidence de certains modèles éculés et de s’appuyer sur eux pour mettre en place des intrigues faciles.
C’est pourquoi, lorsque nous sommes en face de personnages typiques, deux questions devraient se poser immédiatement :
– La série propose-t-elle une réinterprétation propre de l’archétype proposé ?
– L’intrigue et le propos se voient-ils enrichis par la présence de ce personnage ou bien est-ce au contraire une voie de sortie facile à un problème scénaristique, création ou résolution d’intrigue ?
De nombreuses séries se sont attaquées et s’attaquent encore à des archétypes de notre imaginaire collectif pour en proposer des relectures et des actualisations absolument fascinantes.
Toutes n’y déploient cependant pas la même créativité.
(Sujet de l’émission 12)