Les séries sont-elles des œuvres d’art ?

Il existe, en fait, plusieurs façons de répondre à cette question en fonction de ce qu’on entend par « art ».

Si l’art est entendu au sens d’un savoir-faire qui se travaille et s’exerce par des professionnels, alors on peut en effet constater que les séries sont l’œuvre d’une manière d’écrire, de raconter des histoires, de filmer des ambiances, de mettre en place des univers, qui s’apprend et s’affine au cours du temps.

Bien sûr, tous les professionnels du milieu ne se valent pas et, comme dans toute activité humaine, certains subliment leur art quand d’autres ne feront jamais que le servir.

Cependant, malgré cette inégalité de maitrise, toute série est l’œuvre d’une équipe. Producteurs, réalisateurs, scénaristes, acteurs, … une bonne série, c’est avant tout un état de grâce, d’harmonie entre toutes ces personnes travaillant de concert pour un même objectif.

Si l’art est la création d’un individu dont le génie révolutionnerait la vision du monde d’une société, alors les séries n’en sont pas.

Si Vince Gilligan ou David Chase sont reconnus aujourd’hui, ce n’est pas tant pour leur génie individuel que pour leur capacité de faire travailler un grand nombre de gens au service d’une vision commune.

Le constat est identique si on se place du côté de la réception : si l’art est un moyen de distinction des élites, les séries n’y ont pas leur place. Malgré une tendance actuelle, les séries ne se plieront pas longtemps au snobisme artistique. Si l’art sert à exprimer de manière imaginative et multiforme un état du monde, l’air du temps, alors, oui, les séries sont une forme artistique contemporaine et populaire.

Enfin, si l’on admet que l’art a sa place en dehors des musées, peut-être peut-on admettre également que les séries méritent souvent d’être traitées comme des œuvres dont l’intégrité et le propos doivent être, sinon vénérés comme intouchables, au moins respectés.

(Sujet de l’émission 07)