Les séries sont-elles du fast-food culturel ?

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Au même titre que Stephen King compare ses romans à du fast-food, donnant ainsi paradoxalement ses lettres de noblesse à une littérature de genre revendiquant son caractère facile, abordable, rapide et parfois vulgaire mais apportant au lecteur exactement l’évasion et le plaisir qu’il était venu chercher, peut-on affirmer que les séries sont à la culture ce que le fast-food est à la gastronomie ?

Immédiatement consommables, sans prérequis ni effort particulier, disponibles au bout de notre télécommande, parfois lourdes et indigestes, la plupart du temps formatées, les séries sont en effet des objets de consommation produits à la chaine pour conduire un maximum de public à regarder les publicités.

Jouant parfois sur nos plus bas instincts, elles nous fournissent des frissons faciles et des bons sentiments interchangeables.

Gavé par cette tambouille infâme, notre imaginaire se croit repu un temps alors que rien de véritablement nutritif ne l’a plus renforcé depuis longtemps.

Pourtant, le moins que l’on puisse leur reconnaitre, c’est qu’elles n’ont rien de rapide. La moindre série prend beaucoup plus de temps qu’un film et souvent qu’un livre. Si elles n’exigent pas toutes une attention de tous les instants, elles requièrent au minimum fidélité et investissement personnel.

Elles s’ancrent en nous et ne nous lâchent plus avant longtemps.

Simples, accessibles, elles ne le sont d’ailleurs pas toutes non plus. Certaines exigent réflexion, intelligence et références culturelles.

Lentes et contemplatives, ou bien très orientées vers une communauté, certaines s’affirment et fondent leur succès sur leur caractère relativement confidentiel.

Contrairement à la différence manifeste entre le fast-food et la gastronomie, on ne peut aujourd’hui continuer à penser la culture et plus particulièrement la fiction en fonction d’une distinction nette entre un bon cinéma ou une bonne littérature, d’un côté, et une mauvaise télévision, de l’autre.

L’offre est trop diversifiée pour encore utiliser ces catégories simplistes.

Objets de consommation, certes, les séries n’en sont pas moins un extraordinaire terrain de création !

(Sujet de l’émission 15)

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