11.22.63 : Pop Culture
avril 17, 2016
Cet article a fait l’objet d’une publication antérieure sur le site de Smallthings.
Sans grand bruit s’est terminée il y a peu la mini-série adaptée du roman de Stephen King, 11.22.63. Elle avait pourtant tout pour plaire : une intrigue solide, des personnages attachants, quelques noms reconnus, … Cela n’aura pas suffi.
C’est que dans l’engorgement sériel que connait actuellement le secteur, avec l’apparition régulière de nouveaux acteurs, comme c’était précisément le cas de la plateforme HULU, la concurrence se révèle si sévère qu’il ne suffit plus de proposer un bon divertissement pour faire partie des discussions du moment.
Ainsi, quoique 11.22.63 ait été un rendez-vous particulièrement plaisant et attendu pendant huit semaines, cela ne lui aura pas assuré le succès qu’elle aurait pourtant mérité. Car après un pilote un peu rapide et encombré, la série avait vraiment de quoi satisfaire son public, sans pour autant prétendre à l’originalité. Or, sans sujet, sans traitement, sans polémique ou sensationnalisme qui la fasse sortir du lot, elle n’avait que peu de chance de créer l’engouement.
Et c’est vrai que ce récit était un peu, c’est le cas de le dire, hors du temps, que ses personnages ne portaient l’étendard d’aucune revendication à la mode mais incarnaient bien plus des archétypes sensés toucher tout le monde mais personne en particulier, que le propos auquel nous menait l’histoire y comptait bien plus que le réalisme de l’univers représenté ou la crudité des enjeux.
Pourtant, ça m’a fait un bien fou de retrouver le plaisir de suivre une intrigue, pour la simple raison que j’ai envie d’en connaitre la suite, de pouvoir déposer avec confiance entre les mains de ceux qui me racontaient cette aventure tous mes espoirs de la voir menée à bien, de m’immerger pleinement dans cette fiction sans sentir en arrière-plan d’autre intention que celle de me faire passer un bon moment.
J’ai aimé suivre Jake, non pour la performance de James Franco mais pour Jake, j’ai adoré voir T.R. Knight et Josh Duhamel incarner des opposants angoissants et menaçants sans qu’on prétende m’expliquer la violence masculine, j’ai apprécié la reconstitution historique qui me replonge dans les évènements traités, par touches, sans pour autant chercher la vérité dans le moindre détail, j’ai profité du voyage fantastique et pourtant si réel en émotion que m’a offert 11.22.63.
Bien sûr, le trajet fut de courte durée, et c’est probablement d’avoir déjà eu à faire mes adieux que je regretterai le plus, mais sa conclusion aussi simple que belle méritait sans doute la sobriété de ces huit petits épisodes. Alors que l’on avait débuté cette aventure en s’imaginant tout ce que l’on pourrait changer, si seulement il nous était possible, comme Jake, de revenir en arrière, nous avons appris avec lui à ne pas considérer le temps comme un objet qu’il nous faudrait soumettre à notre volonté, lutte vaine entre toutes, mais bien plutôt comme un cadeau dont il est urgent de savourer chaque instant.
Si la série n’a rencontré qu’un succès modeste, il me semble donc que c’est précisément parce qu’elle n’a d’autre prétention que de servir son histoire pour le plus grand plaisir du téléspectateur. C’est pourquoi, j’espère sincèrement qu’elle connaitra une seconde vie, sans doute plus adaptée à ses ambitions, auprès du plus large public lors de diffusions télévisées, là où je suis persuadée qu’elle remplira pleinement son rôle de divertissement au sens le plus noble du terme, celui que défend d’ailleurs Stephen King, celui de pourvoyeur de magie.