L’ennui et le sériephile

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A présent que le rythme des saisons télé est de moins en moins figé, il ne se passe plus une semaine sans que je ne découvre deux ou trois nouveautés. Pourtant, toutes ne m’inspirent pas un article. Certaines sont intéressantes, d’autres pas, mais la plupart exigent en tout cas confirmation.
Peut-être d’ailleurs aurez-vous remarqué comme moi que les séries exigeant plusieurs épisodes, voire plusieurs saisons pour confirmer leur intérêt sont de plus en plus fréquentes. Si, dans certains cas, comme la saison 4 de The wire par exemple, ce temps long se justifie parfaitement par le récit, dans d’autre, par contre, on a plus l’impression que certains showrunners en manque d’inspiration confondent lenteur et profondeur, propos confus et message réservé aux initiés.

L’expérience m’a montré que l’ennui n’est pas forcément un critère suffisant pour arrêter une série et la rejeter parmi les déchets télévisuels. La temporalité constituant un élément majeur de toute fiction sérielle, les temps morts, l’attente, les instants suspendus dans l’action peuvent se justifier sur le long terme. L’important me semble-t-il est que ces pauses se justifient soit par le récit, soit par l’intensité de l’évènement qu’il prépare en nous. Certains films de Gus Van Sant démontrent ainsi parfaitement combien l’ennui peut se révéler primordial dans la narration. Quelque chose chemine en nous dans ces moments qui ne pourrait être atteint autrement.
Si l’ennui n’est pas forcément toujours un argument pour abandonner une série, il reste cependant un indicateur important d’autres problèmes dont il n’est peut-être que le symptôme : l’absence d’empathie ou d’intérêt pour les personnages, le désintérêt total pour les enjeux du récit, l’inanité du propos, … Parce qu’elles sont extrêmement chronophages, il serait donc idiot de ne pas interroger sérieusement les causes de l’ennui que provoquent certaines séries, et de les arrêter si rien ne nous permet d’espérer un quelconque intérêt à venir.

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C’est la raison pour laquelle, par exemple, après avoir essayé pendant quand même huit épisodes, j’ai arrêté House of Cards. Le destin de chacun des personnages m’indifférait complètement, l’enjeu de la saison paraissait évident, le propos sur la victoire du cynisme dans les plus hautes sphères du pouvoir ne me paraissait ni très original, ni particulièrement nuancé … Bref, malgré son succès critique et un récit qui se poursuit depuis, je ne regrette pas mon choix.
Cela ne me permet pas pour autant d’affirmer qu’il s’agit d’une mauvaise série. Les séries vraiment mauvaises sont au contraire souvent trop énervantes pour permettre que l’ennui ne s’installe. Je ne prétends absolument pas que l’ennui devrait constituer un critère critique. Ce ressenti subjectif constitue cependant un indice intéressant s’il nous pousse à en examiner les raisons objectives.