Les séries créent-elles des masses abruties, conformistes et dociles ?

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Oui, évidemment ! Oui, oui et encore oui, 100 000 fois oui !
Lorsque je sors enfin de chez moi, tel un zombie en quête de nourriture, après un marathon Seinfeld ou Fringe, je suis à peine capable d’exprimer quelques borborygmes, j’ai totalement perdu toute conscience de mon identité, de mon individualité, voire de mon humanité.
Je croise les ombres d’autres corps, probablement des congénères eux aussi décérébrés, aveuglés par la lumière du jour, tout comme moi, et qui se presse de rentrer dans leur tanière.
Personnalité, zéro ; conscience politique, zéro ; activité cérébrale, tracé plat.

Pourtant, pourtant, peut-être ne faudrait-il pas conclure trop tôt que me transpercer le cerveau serait la seule attitude charitable et surtout la plus sûre pour éviter que je ne repende sur la terre le mal qui me dévore.
Car, si je me comporte en mort-vivant souvent, de temps en temps mon cœur bat encore et je me surprends à pleurer et à rire, à vociférer et à soupirer de plaisir. Bref, on dirait presque que je suis en vie.
J’ai des théories, des avis très tranchés, des colères que je cherche à justifier, des haines profondes qui m’interrogent sur ce qui fonde mon identité, des amours qui me construisent encore et toujours.
La fiction, c’est la vie ! C’est ma vie, du moins une large partie de ma vie.
Et si les séries me manipulent sûrement et façonnent en partie mon imaginaire, je les habite moi aussi de tout mon être. Je les critique, je les décompose et recompose, je les tords dans tous les sens. Je les fais pleinement miennes, mon objet, mon œuvre.
Si les séries créent des masses, les masses ne sont jamais que des individus qui s’approprient à leur manière un même univers, une même manière de vivre, une même vision du monde.

(Sujet de l’émission 03)

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