Les séries peuvent-elles changer les mentalités ?

Ben oui ! Mais pourquoi pas ! Et puis, elles vont résoudre le conflit israélo-palestinien et la faim dans le monde aussi !
Non mais, sérieux, c’est quoi ces questions ?! J’me fatigue parfois, j’vous jure !
Bon, c’est vrai, depuis que j’ai vu Breaking Bad, je regarde avec amour le petit dealer et je me dis que, franchement, il a de l’avenir…
Et puis, Dexter m’a ouvert les yeux sur le rôle social des psychopathes, tandis que les Sopranos m’ont permis d’entre en empathie avec les difficultés du chef mafieux… Toutes choses dont je n’avais aucune idée !
C’est vrai, si on savait à quel point il est difficile d’être méchant, peut-être pourrait-on tous se prendre par la main dans une grande chaine d’amour fraternel !
J’en ai la larme à l’œil ! Pas vous ?

Bon, ok, c’est n’importe quoi !
Mais en un sens, les anti-héros auraient-ils autant de succès s’ils ne nous permettaient pas en partie de nous connecter et d’accepter d’apprivoiser la part sombre qu’il y a en chacun de nous et que nous refoulons au quotidien ?
Peut-être que voir la part d’humanité qu’il y a chez les tueurs de The Wire ou de Oz me permet de ne pas me figer dans une morale manichéenne ; peut-être que voir vivre une famille polygame dans Big Love ou homoparentale dans Modern Family ou encore un handicapé dans Friday Night Lights me permet-il de prendre conscience de l’universalité sous les différences ; peut-être ces séries me permettent-elles de remplacer l’idéologie par une pratique d’attention aux situations particulières.
Est-ce que les séries sont à la pointe des combats sur des sujets de société ? Clairement pas !
Il suffit de voir la façon dont la perte de virginité des filles est encore traitée la plupart du temps. Et pour un avortement assumé dans Parenthood, combien de fausses-couches opportunes ?
Sauf exceptions véritablement militantes, les séries ne sont pas le fer de lance d’une pensée progressiste. Ce n’est d’ailleurs pas leur but.
Mais ce n’est pas pour autant qu’elles n’ont aucune influence sur nos mentalités.

(Sujet de l’émission 04)