Les séries sont-elles le nouvel opium du peuple ?
juillet 21, 2014
Au même titre que, selon Marx, la religion justifie le pouvoir en place et maintient le prolétariat dans l’inaction, peut-on affirmer que les séries constituent l’allié privilégié d’un système capitaliste aujourd’hui mondialisé ?
Produits d’une industrie culturelle largement dominée par les préoccupations économiques et en majorité occupée par le marché américain, les séries réussissent de fait à maintenir un certain nombre d’entre nous cloitrés à la maison, inactifs et l’esprit occupé par des univers imaginaires inoffensifs.
Abreuvés d’une propagande molle mais surtout consentant à en ingurgiter toujours davantage, nous nous maintenons nous-mêmes dans un état végétatif.
Si certaines séries, il est vrai, nous informent ou distillent une critique sociale ou politique, le prétexte reste léger lorsque l’on pense aux actions qui auraient pu être réalisées concrètement pour améliorer les choses durant les heures passées à les regarder.
Les séries sont chronophages, les séries nous isolent, les séries nous déconnectent, les séries nous endorment. Bref, les séries font de nous des consommateurs bien plus que des citoyens.
Soyons cependant honnêtes, la suppression des séries ne garantit absolument pas un éveil soudain d’une population jusque-là hypnotisée. Elles participent d’un système médiatique plus global et sont loin de constituer le pire de la télévision.
Plus encore, elles répondent à une demande dont on ne peut faire porter toute la responsabilité à leur effet addictif. Si tant de personnes se sentent plus passionnées par le sort de Tyrion Lannister que par les élections, le débat démocratique, la faim dans le monde ou la guerre en Syrie, peut-être serait-il temps de poser le problème sur le plan politique.
Plutôt que de reprocher toujours aux citoyens leur désintérêt pour la chose publique, ne serait-il pas utile de se demander pourquoi ils se sentent dépossédés de leur pouvoir d’agir ?
Les séries sont politiques, certes, elles ne peuvent cependant remplacer La politique.
(Sujet de l’émission 14)
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