juillet 2014

Kaamelott : Contingence, ironie et solidarité

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Si je reprends le titre du livre du philosophe américain, Richard Rorty, pour parler de cette série française, ce n’est pas par hasard. En effet, Alexandre Astier nous propose ici sa version personnelle du pragmatisme tel que nous le décrit Rorty.
Le programme en est ainsi détaillé : tout d’abord, il importe de prendre conscience de la contingence de nos évidences. Relativisation de nos valeurs, démonstration de l’arbitraire du langage, désenchantement à tous les étages. Comment ne pas y reconnaître le propos de Kaamelott qui systématise la formule en faisant du vocabulaire un sujet d’incommunicabilité permanente, en renvoyant toujours les actions les plus nobles aux préoccupations les plus basses, en faisant de tous les éléments sensément enchantés des occasions foireuses.

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Dawson’s Creek et le rôle de la fiction

 

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Oui, oui, je vous entends déjà ricaner mais, même si ça me fait beaucoup de peine, je vais ravaler mes larmes et tenter d’expliquer aux béotiens que vous êtes pourquoi Dawson est une série qui mérite qu’on s’y attarde (et on ne rigole pas là-bas dans le fond, je vous ai vu).
Soyons clair, ses défauts sont, il est vrai, à peine supportables : ça pleurniche, ça ne sait pas ce que ça veut, ça se croit adulte alors que ça réagit comme des gamins, … Bref, on dirait presque que ce sont des adolescents, quoi !
Si l’on considère ce premier niveau de lecture, justement, il me semble que Dawson est bien la seule série pour ados qui parle vraiment d’ados à des ados. Et c’est bien le minimum d’attente que l’on peut en avoir !

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Générique Sériesfolie

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Création originale composée de :

– Générique American Horror Story

– Virgule Mixx FM

– Répliques  Seinfeld, The Big Bang Theory et The Sopranos

– Avertissement (VF) et Virgule Law & Order

Les séries modifient-elles notre rapport au monde ?

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Nos pratiques, qu’il s’agisse de nos habitudes alimentaires ou de nos moyens de transport, modifient nos besoins et notre perspective. Pas besoin de longues démonstrations pour prouver l’impact de la grande distribution ou de la généralisation de la voiture individuelle sur notre mode de vie.

Mais qu’en est-il de la fiction ?

Le format sériel comme mode en pleine expansion de consommer les récits, imaginaires ou non, laisse-t-il son empreinte sur notre vision du monde ? Et de quel type pourrait-elle être ?

Un tel impact serait probablement difficile à mesurer sans étude approfondie. Par contre, en imaginant comment les séries pourraient modifier notre rapport au monde, peut-être sera-t-on plus amène d’en observer les effets concrets.

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Les séries sont-elles du fast-food culturel ?

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Au même titre que Stephen King compare ses romans à du fast-food, donnant ainsi paradoxalement ses lettres de noblesse à une littérature de genre revendiquant son caractère facile, abordable, rapide et parfois vulgaire mais apportant au lecteur exactement l’évasion et le plaisir qu’il était venu chercher, peut-on affirmer que les séries sont à la culture ce que le fast-food est à la gastronomie ?

Immédiatement consommables, sans prérequis ni effort particulier, disponibles au bout de notre télécommande, parfois lourdes et indigestes, la plupart du temps formatées, les séries sont en effet des objets de consommation produits à la chaine pour conduire un maximum de public à regarder les publicités.

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Les séries sont-elles le nouvel opium du peuple ?

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Au même titre que, selon Marx, la religion justifie le pouvoir en place et maintient le prolétariat dans l’inaction, peut-on affirmer que les séries constituent l’allié privilégié d’un système capitaliste aujourd’hui mondialisé ?
Produits d’une industrie culturelle largement dominée par les préoccupations économiques et en majorité occupée par le marché américain, les séries réussissent de fait à maintenir un certain nombre d’entre nous cloitrés à la maison, inactifs et l’esprit occupé par des univers imaginaires inoffensifs.
Abreuvés d’une propagande molle mais surtout consentant à en ingurgiter toujours davantage, nous nous maintenons nous-mêmes dans un état végétatif.

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Les séries sont-elles apolitiques ?

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Que l’on regarde Urgence ou Dr House, The Wire ou Southland, ou même The Middle ou Modern Family, peut-on vraiment prétendre que cela n’aura aucun impact sur nos visions du monde ?
Est-ce politiquement neutre de se passionner pour un super-héros comme Batman ou de suivre les péripéties d’un service public dans Parks and Recreation ?
Poser ces questions, n’est-ce pas déjà y répondre ?
Il est évident que les séries ne peuvent être considérées comme des objets politiquement indifférents.

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Les séries doivent-elles refléter le réel ou satisfaire nos fantasmes ?

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Lorsqu’on est un peu sensibilisé aux questions de la représentation des femmes, des étrangers ou des homosexuels, par exemple, dans les mass-média, la tentation est grande de voir en permanence dans les séries la perpétuation de stéréotypes en tout genre.
Qu’il s’agisse de représentations positives, comme « la bonne mère », « le gay créatif », ou négatives, comme « la petite frappe latino » ou « l’ex dérangée », la crainte est grande de voir ces images plaquées telles quelles sur des individus bien réels.
On aurait dès lors tendance à exiger de nos fictions un plus grand réalisme.
Pourtant, depuis la nuit des temps, la reprise sous forme sans cesse renouvelée des mêmes archétypes empruntés aux récits bibliques, mythologiques ou aux contes populaires semble démontrer leur caractère universel et éternel.

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Les séries les plus courtes sont-elles les meilleures ?

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Depuis quelque temps, la tendance se dessine de plus en plus en faveur de séries courtes. Est-ce l’influence de séries anglaises à succès comme Downton Abbey ou Sherlock ou bien la volonté de réduire les risques ou de renforcer le propos ?
Toujours est-il que les séries de 10, 8, 6, voire parfois 3 épisodes apparaissent de plus en plus souvent.
Mais cela garantit-il une meilleure qualité des séries en question ?
Les exemples anglais donnés plus haut, ou même les séries HBO d’une dizaine d’épisodes par saison depuis longtemps déjà, pourraient nous amener à penser qu’il s’agit en effet d’une formule garantissant de meilleures fictions.

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Les séries sont-elles éducatives ?

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Depuis une vingtaine d’années et les séries comme Urgence ou New York District, qui nous plongent d’une manière qui se veut très réaliste dans l’univers et le jargon médical, judiciaire ou autre, on a souvent tendance à penser que regarder certaines séries nous apprennent des choses.

Les termes comme « Lupus », « tachycardie » ou « charge de la preuve » n’ont plus de secret pour nous, en tout cas en apparence.

Portant, médecins ou policiers sont souvent beaucoup plus critiques sur l’intérêt et la fiabilité des informations en question, et l’apparent réalisme de la réalisation risque de donner une illusion de vérité bien plus grande que ce qu’il nous permet réellement de maitriser et comprendre.

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