Bojack Horseman, un animé plein d’humanité
août 7, 2015
Cet article a fait d’objet d’une publication antérieure sur le site de Small Things.
Face aux séries Netflix, dont vous aurez remarqué la multiplication ces derniers mois, tout abonné pourra sans doute distinguer deux catégories : celles qui ne le convainquent pas, sans pour autant être médiocres, et que l’on garde indéfiniment dans sa liste sans jamais trouver le courage de les achever et puis celles qui nous ravissent tant qu’on les déflore avec avidité pour ensuite regretter de ne pas avoir laissé trainer le plaisir plus longtemps.
Pour moi, et je sais que je suis loin d’être la seule dans le cas, Bojack Horseman fait définitivement partie de cette seconde catégorie. Attendue depuis l’été dernier, cette saison deux m’est filée entre les doigts et, avant même que j’ai eu le temps de m’en rendre compte, voilà les compteurs remis à zéro, une année entière à patienter alors que ma soif n’a été qu’intensifiée par ces 12 petits épisodes. Ô Netflix, royaume cruel du Binge-Watching, je te maudis !
Ce sort jeté, tentons de résumer ce qui fait de cette petite série animée un rendez-vous incontournable de la saison.
Tout d’abord, son univers surréaliste et très référencé, s’il peut rendre ses deux ou trois premiers épisodes difficiles, se révèle être, une fois pleinement installé, une source inépuisable de niveaux de lecture, d’humour et de compréhension qui font de chaque épisode une expérience riche et foisonnante. Aussi, si le premier visionnage est passé trop vite, Bojack Horseman fait clairement partie de ces séries que l’on appréciera revoir plusieurs fois sans devenir ennuyeux ou répétitif.
Ensuite, plus qu’un autre dessin animé irrévérencieux, il s’agit d’une véritable dramédie animée distillant un propos à la fois léger et profond, comme les meilleures fictions de ce genre savent le faire. Le quotidien désabusé de ses personnages loufoques et résolument humains nous invite à plonger avec eux dans une douce, mais douloureuse, mélancolie. Les rêves sont morts et pourtant on rêve ; la dépression nous envahit et pourtant on rit ; rien n’est véritablement grave et s’en est tragique.
Ce propos, qui avait déjà fait les meilleurs moments de la première saison, s’épanouit dans la nouvelle, tant dans la poursuite de l’introspection du mal-être de notre héros que par la place grandissante que prennent les personnages secondaires, et leurs propres désillusions. Ainsi, chacun bénéficie d’une véritable évolution et d’arcs narratifs propres dont on appréciera la diversité et la cohérence.
Enfin, rien ne semble facile, inabouti, dans cette série qui se donne clairement les moyens de viser juste et ça se ressent. Si je ne fais pas partie de ceux qui s’extasieront devant le casting impressionnant (Will Arnett, Alison Brie, Aaron Paul, Lisa Kudrow, …) prêtant sa voix aux protagonistes de cette histoire, je ne peux qu’y reconnaitre le signe du soin qui y est apporté. Les moyens, les talents, l’investissement des participants sont clairement mobilisés dans ce projet et la qualité de ce qui nous est proposé au final ne laisse aucune place au doute.
J’apprécie pour ma part particulièrement l’écriture, tant des répliques que des personnages et reconnait la maitrise du rythme de la narration qui nous invite à nous laisser balader, l’air de ne pas y toucher, appréciant chaque instant et chaque paysage du chemin, alors qu’elle nous conduit irrémédiablement vers une conclusion aussi surprenante qu’allant de soi. Rien d’étonnant, dès lors, de se retrouver un peu orphelin lorsque la fin de la saison nous tire de la rêverie douce-amère dans laquelle elle nous avait plongé.
Je n’ai donc qu’une attente : embarquer l’été prochain dans une nouvelle croisière mélancolique en compagnie de l’acteur-cheval et ses amis.