Dawson, la morale, la politique
février 21, 2021
Si Dawson’s Creek est et se veut une série sur le passage à l’âge adulte et sur cette période, à la fois intense et de temps suspendu, qui le précède, c’est aussi une fiction, un univers, qui comme toutes les autres impose comme une évidence une vision du monde, une morale, un rapport aux questions politiques et sociales du moment. Il est dès lors toujours intéressant de tenter de démêler le point de vue qu’elle nous propose afin de mieux comprendre de quels imaginaires nos convictions se nourrissent.
Or, le moins que l’on puisse dire est que Dawson’s Creek n’est pas avare en la matière. Les considérations morales y sont omniprésentes, de même que la discussion de la manière dont nos engagements et croyances modèlent nos identités, sans compter la représentation de certaines problématiques, certains modes de vie et certaines expériences sociales, et l’absence totale de certaines autres. Nous allons donc tenter de nous plonger un moment dans le dédale de ces innombrables considérations et voir ce que l’on peut en retirer.
Commençons tout d’abord par le plus évident : l’idéalisme de ses personnages. Dawson’s Creek est une série morale, voire peut-être moralisatrice, parce que ses personnages, surtout les plus importants, affirment des principes établis et assez catégoriques sur la manière de bien se comporter et mener sa vie. Ils se disent et se pensent comme de bons garçons ou de bonnes filles, de bons amis, de bons fils, de bons élèves et de bons adolescents américains.
C’est bien sûr particulièrement le cas de Dawson lui-même qui est présenté par ses parents, ses amis ou ses ennemis, ses rencontres passagères comme l’archétype du gentil garçon, celui qui prend l’école au sérieux et remet toujours ses devoirs à temps, celui qui respecte les filles là où les autres ne cherchent qu’à les mettre dans leur lit, celui qui entretient une relation privilégiée avec ses parents, … Soucieux d’être quelqu’un de bien et de ne pas renier ses principes, Dawson apprend pourtant régulièrement qu’il est loin d’être aussi gentil qu’il l’imagine. Jaloux, possessif et totalement absorbé par ses propres préoccupations, il ignore régulièrement ses amis et peut se montrer cruel, violent ou manipulateur lorsqu’il est blessé.
Pourtant, et c’est en cela sans doute que la série peut énerver parfois, quel que soit le nombre de preuves, d’actions, qui s’accumulent contre lui, il continue à être présenté comme le garçon et l’ami le plus innocent de la bande. Les évènements, ce qu’il fait, ne semblent n’avoir aucune influence sur son identité. Cette manière de présenter les choses, si elle manifeste sans doute une complaisance coupable de la part des scénaristes vis-à-vis d’un héros bouffi de privilèges qui se sont trop longtemps accompagnés d’une tolérance sans limite et d’un impératif de compréhension auquel ne peuvent prétendre les autres, impose dans le même temps une conception particulièrement essentialisante de l’identité morale d’un personnage. Quoi qu’il fasse, cela ne peut influer sur ce qu’il est au fond et que tout le monde autour de lui ne cesse de reconnaitre, car l’intention compte ici plus que le résultat des actes commis.
Les circonstances sont à blâmer, pas lui, et souvent ce sont même les autres qui sont pointés du doigt comme les responsables de ses agissements « out of character ». Et le personnage de Jen a beau émettre dans la série elle-même la critique de cette manière de présenter les choses en précisant que le mauvais rôle est toujours dévolu aux femmes dans une culture où ce sont les hommes qui racontent les histoires, le fait est que la série n’en tient pas vraiment compte et perpétue ce fonctionnement dans lequel un héros figé dans son identité morale est amené à chuter par l’influence néfaste des circonstances et souvent d’une femme, qu’il s’agisse d’Eve, qui le fait détruire le bateau de son père, organiser une soirée striptease et se battre avec son meilleur ami, de Jen qui le pousse à sécher les cours, casser le nez de Pacey ou utiliser Mary Beth pour la rendre jalouse, ou encore de Joey à cause de laquelle il oublie l’anniversaire de son ami de toujours, se bat avec Jack ou finit par rayer Pacey de sa vie.
Le fait est que souvent ce caractère intransigeant, figé dans ses jugements moraux a priori, est traité par d’autres personnages comme posant problème et se reposant sur un confort matériel et affectif auquel la plupart des gens n’ont pas accès. C’est notamment ce que lui reproche Joey dans la première saison et qui provoquera leur rupture en fin de saison 2. Ne disposant pas de ses parents et de la stabilité financière qui s’y rattache, elle ne cesse de relativiser ses caprices d’adolescent en lui rappelant combien il a de la chance, combien sa posture morale est aussi le résultat de sa position sociale et familiale privilégiée.
Bien sûr, ça ne l’empêche pas de souffrir, lui aussi de l’infidélité de sa mère puis du divorce de ses parents mais ces problèmes de cœur ne font pas le poids face au choix impossible qu’elle devra poser en trahissant son père, et ses espoirs d’amélioration de la situation financière de sa famille, afin de sauver le peu qu’elle et sa sœur ont construit sans lui. Dans le même ordre d’idée, l’expédition de pêche qui réunit Dawson, Pacey, leurs pères respectifs et Jack durant la deuxième saison permet de souligner le gouffre qui sépare la relation de confiance et d’affection qu’entretient le premier avec son père par rapport aux deux autres adolescents, l’un dont le père se plonge dans le travail pour ne pas avoir à s’occuper de sa famille qui se désagrège et l’autre qui ne reçoit de sa part que des signes de défiance ou de compétition malsaine.
De fait, la série, ou au moins ses deux premières saisons, insiste pas mal sur la situation privilégiée qui construit la position de pureté morale de Dawson. Celle-ci n’en reste pas moins affirmée et admirée comme une qualité rare, à ne pas perdre, voire un idéal perdu pour ses amis qui n’ont pas eu la chance de grandir dans le même état d’innocence que lui. Pourtant, si son expérience protégée est, de fait, enviable, tant elle le place dans une forme d’insouciance, ou plutôt d’inconscience, face aux difficultés des autres qui finissent même par le protéger en lui cachant ce qui ne s’inscrit pas dans son fantasme de ce qu’est a vie, la position qui en découle, son regard manichéen sur le monde, est loin d’être une force dans ses relations avec les autres.
Ca le handicape en limitant ses qualités d’empathie. Pourtant, l’intérêt et la valeur de son amitié ne sont jamais remis en question. Malgré un égocentrisme flagrant, Dawson reste un pôle d’attraction que ses amis, plus conscients de ce qui se passe autour d’eux et des difficultés de la vie, ne cessent de rechercher pour deux raisons : premièrement, parce que cette naïveté enfantine, déconnectée de la réalité et de son caractère confus, moralement indémêlable, en fait un rêveur et un raconteur d’histoires, la fiction exigeant toujours une forme de simplification des enjeux pour se rendre lisible ; deuxièmement parce que cette innocence morale propre à celui qui n’a pas vécu, qui reste vierge de toute expérience trouble, constitue un phare qui les guide dans l’obscurité de leur existence si compliquée et leur permet de garder le cap.
De fait, quoique bien plus conscients des nuances de gris avec lesquelles ils ont à négocier dans leur vie de tous les jours, Pacey et Joey incarnent eux aussi des personnages idéalistes, guidés par leurs principes et notamment ceux qu’ils ont développé en contact avec Dawson toute leur enfance. Pas question, en effet, d’adopter une morale inverse au déontologisme dawsonnien, un conséquentialisme priorisant la fin sur les moyens ou ne se préoccupant que du résultat car le résultat de toute action touche d’abord au caractère moral de ceux qui la mènent. Contrairement à leur ami d’enfance, Pacey et Joey ne se caractérisent en effet pas par leur identité morale. Celle-ci n’est pas érigée en essence et est donc susceptible d’évoluer en fonction de leurs choix. C’est la raison pour laquelle chacun de ceux-ci sont si important et si difficile à poser car ils déterminent leurs trajectoires.
Or, l’un et l’autre se montrent au fil des saisons particulièrement attachés à certains principes moraux d’entraide, d’attention aux autres, de respect de soi (parce qu’il s’agit aussi ainsi de respecter ceux qui ont cru en nous pour nous placer là où nous sommes). Ils sont hantés par la crainte de se perdre, de ne pas se montrer à la hauteur, de décevoir les attentes et exigences qu’ils ont vis-à-vis d’eux-mêmes. Pour Pacey, cela se traduit par une forme de respect aux femmes qui l’ont fait devenir l’homme qu’il est et dont il doit sans cesse se montrer digne dans l’exercice de sa masculinité. Pour Joey, ça passe plus prosaïquement par la fidélité et l’attachement qu’elle souhaite à tout prix préserver vis-à-vis de son Dawson, souhait que l’on comprend bien mieux dès lors qu’il s’agit d’y voir une métaphore de l’enfance, des rêves et des valeurs qui y sont liés. Déchirée entre son besoin de sortir de sa condition sociale défavorable en quittant sa ville et son milieu d’origine grâce à sa réussite scolaire et son désir de rester solidement ancrée à l’éducation et au mode de vie qui l’ont portée jusque-là et ont fait d’elle ce qu’elle est, c’est par son lien éternel à Dawson qu’elle exprime l’amour et la reconnaissance qu’elle porte à une existence qu’elle a toujours rêvé de laisser derrière elle. Pas étonnant que ce couple soit définitivement impossible !
Apparaissant comme le visage inversé de Dawson, Jen se présente comme l’innocence perdue, celle qui n’a jamais eu d’enfance, celle qui s’est construite sans les valeurs de la petite ville américaine typique que représente Capeside. Pourtant, loin d’être un personnage amoral, voire immoral, elle incarne tout le mal, la souffrance que peut infliger la morale. Entièrement déterminée par elle, elle en est l’expression du manque. Là où l’essence de Dawson est d’incarner la pureté d’une morale qu’aucun évènement personnel ne serait venu perturber, l’identité de Jen se construit entièrement autour des jugements moraux des autres. Elle est celle qui perturbe les bonnes mœurs, la mauvaise fille, celle qui aurait tant aimé pouvoir se draper de son innocence morale mais ne le pourra jamais.
Ayant à subir les préjugés religieux de sa grand-mère et de certains autres adolescents, elle ne les rejette que dans la mesure où ils la condamnent d’avance. Elle se dresse comme une croisée contre l’intolérance, aussi intransigeante que consciente de l’éternelle marginalité des principes qu’elle incarne face à la bonne conscience de ceux qui n’ont jamais eu à subir le rejet. Et si l’espace d’une unique saison, la troisième, elle va connaitre une soudaine reconnaissance, quoique superficielle, de la valeur de sa posture rebelle et subversive face à la morale sexiste qui l’entoure, le choix de progressivement désinvestir son personnage et sa potentielle évolution au profit de Joey, et sa problématique de préservation de la pureté des intentions de l’enfance, va progressivement la cantonner dans le rôle de l’abîmée, l’éternelle insatisfaite, de par son manque insurmontable d’innocence.
Quoique moins intéressante, cette trajectoire n’en est pas moins signifiante puisqu’en en faisant progressivement, et définitivement par son final, une figure expiatrice, une martyre de l’enfance déniée, la série, loin de la condamner, comme le font une bonne partie des personnages qu’elle y croise, en fait la preuve vivante qu’il vaut mieux trop de morale, trop de pureté, trop de principes, que pas assez. Jen ne chute pas, elle est la chute originelle, celle dont on ne se relève jamais vraiment, celle qui ne peut s’expier, comme un cauchemar, qu’en se transfigurant dans une nouvelle enfance, une chance renouvelée de vivre son innocence, entourée d’une morale qui se présente comme un doudou confortable et non une attaque permanente de ce qu’elle représente.
Compagnon forcé dans cette lutte contre l’intolérance d’une morale encombrée de préjugés, Jack est probablement le personnage principal qui se situe le moins vis-à-vis de cette morale, qui on l’aura compris est ici synonyme d’enfance. N’ayant pas grandi non plus à Capeside avec Dawson, Pacey et Joey, il ne parle jamais du passé et tout ce que l’on est sait est que son innocence s’est brutalement arrêtée le jour où un accident de voiture a tué son frère et fait voler sa famille en mille morceaux. De par son homosexualité, on sait cependant aussi qu’avant même cet évènement central il ne se sentait déjà pas tout à fait à sa place au sein de sa famille et notamment dans le cœur de son père qui se reconnaissait bien plus en son grand-frère qu’en lui.
Quoiqu’ayant à lutter contre les préjugés des autres et sa propre homophobie intériorisée, il ne se définit cependant pas en fonction de la morale des autres. Il la subit, certes, la combat mais ne se résume jamais à cette seule dimension de son identité, là où Jen se laissait résumer par son essence de mauvaise fille. Comme Jen le fait avec sa grand-mère, il parvient avec le temps à changer de relation avec un père peu ouvert au départ. Il découvre aussi petit à petit ce que signifie être homosexuel, même si l’ouverture vers ce possible reste à peine entrouverte, la grande majorité de ses amis étant hétérosexuels, mais il développe également des amitiés et des passions qui lui permettent de ne pas se résumer à cette seule dimension. Et si ces éléments peuvent aussi parfois se présenter comme des fuites face à un statut social et politique qui le met clairement mal à l’aise, il reste relativement éloigné de toute considération morale, que ce soit pour les défendre ou pour s’en défendre.
Pourtant, et bien que Dawson’s Creek ne cherche clairement pas à porter un message politique subversif et présente des personnages assez peu enclins à l’engagement collectif au nom des valeurs qu’ils défendent (comme beaucoup de séries américaines d’ailleurs, qui ont tendance à porter un regard méfiant sur l’investissement sincère pour quelque cause que ce soit), la série n’élude pas totalement la dimension sociale des valeurs que portent ses protagonistes. Ainsi, quoique très méfiant face au discours de Tobey, le militant homosexuel, Jack finit par le rejoindre lorsqu’il prend conscience que même s’ils ne vivent pas leur identité sexuelle de la même façon, ils auront à faire face aux mêmes risques de rejet et de violence.
Dans le même ordre d’idée, alors que la série souffre d’un manque flagrant de diversité, l’introduction d’un principal noir en saison 3 offre à Joey et ses amis, et parce qu’ils sont directement impliqués dans les évènements qui conduisent à sa demande de démission, l’occasion de faire état de leurs valeurs en organisant une mobilisation contre le racisme et l’élitisme social flagrants qui s’expriment en face d’eux. La diversité, quoique très limitée et servant généralement simplement de prétexte, permet ainsi à une série par ailleurs assez conservatrice de transformer la morale individuelle, quoique partagée, de ses personnages en combat politique éphémère.
Sur ce point, la figure de Pacey est particulièrement intéressante tant elle mène régulièrement des combats, totalement seul en fonction des injustices auxquels il estime être confronté. C’est notamment le cas de l’institution scolaire contre laquelle il est capable de se dresser malgré sa position d’infériorité afin d’obtenir justice. Mais ces revendications se changent en réalité toujours en question de personnes. Il rejette l’autorité d’un professeur qui abuse de son pouvoir pour humilier un élève mais met fin à la carrière d’un homme proche de la retraite. Ainsi, en réalité, après le temps de la condamnation, vient celui de la rencontre et souvent du perfectionnement, lorsque cela s’avère possible.
Ainsi, la désapprobation morale de Dawson envers Mr Brooks se changera progressivement en compassion, tandis que le rejet des méthodes de Todd Carr lors de son premier stage ouvrira la possibilité d’une collaboration dans le respect mutuel par la suite. La condamnation morale peut parfois, face à l’intolérance la plus décomplexée, mériter l’organisation politique d’une riposte mais la plupart du temps, elle n’est que la première étape avant d’apprendre à se connaitre et s’apprécier mutuellement. Elle est le premier temps de la rencontre avant que celle-ci ne change chacun des interlocuteurs. La politique semble dès lors se cantonner là où la communication et la rencontre n’est pas possible et la seule chose qui rende cela impossible, c’est la haine et l’intolérance. Il n’est donc nécessaire de s’organiser que contre l’intolérance. Le reste du temps, mieux vaut compter sur la rencontre individuelle et le dialogue qui en découlera naturellement.
Certes, et Dawson’s Creek le montre constamment, le monde est composé de riches et de pauvres et la richesse s’accompagne généralement de mépris et de comportements déplacés, justifiés par le seul sentiment de valoir plus que d’autres. La série ne cesse de montrer ces injustices et l’inconfort vécu lorsque l’on se situe en position d’infériorité. L’adolescence elle-même est présentée comme une position d’infériorité, doublée, pour Joey et Pacey principalement, par une infériorité économique qui les place en position de subir une série de petites humiliations qui expliquent leur désir de changer de vie et de ville.
Mais il ne s’agit pas non plus de dénoncer la lutte des classes ou d’appeler à la haine des riches. Au contraire, même si le comportement de nombreux jeunes, présentés comme privilégiés, appuie clairement la conviction morale très présente dans la série que seul un travail acharné justifie la réussite et la position sociale qui l’accompagne, sans quoi elle crée des enfants gâtés et capricieux qui abusent de leurs privilèges, la narration insiste aussi sur l’importance de ne pas juger trop vite celui qu’on a en face de soi. C’est principalement le cas d’Andie que Pacey juge un peu hâtivement comme une héritière gâtée mais c’est également le cas de plusieurs autres personnages qui, malgré leur position sociale confortable, s’avèrent vivre des situations moins enviables qu’elles ne le semblaient au départ.
Ainsi, paradoxalement, si elle représente la position économique difficile de certains de ses personnages comme une source de soucis et d’humiliation, la série ne condamne jamais les inégalités et les individus qui en bénéficient mais préfère condamner l’argent facile, pour la corruption qu’il opère sur ceux qui en récoltent les fruits et humaniser les expériences individuelles privilégiées en en dévoilant les aspects moins enviables. C’est donc d’une lecture morale des inégalités économiques que l’on a affaire, d’autant plus que le bonheur de la réussite méritée reviendra à ceux qui n’avaient rien.
La violence économique de Dawson qui use de son argent pour garder son emprise sur Joey n’est par contre jamais interrogée ou même problématisée alors qu’elle intervient à plusieurs reprises. Si la série cherche plus que d’autres du même genre à prendre en compte la dimension économique de ses personnages, elle finit en effet par lisser les différences flagrantes au sein du groupe d’amis afin de laisser ces considérations hors du cercle amical. Or, si par son travail Joey se maintient tant bien que mal dans la course et parvient à atteindre ses objectifs dans un fantasme méritocratique absolu, la pression qui s’exerce sur elle pour réussir se heurte sans cesse aux avantages dont bénéficient ses amis plus fortunés.
Si elle cherche à suivre les traces morales de Dawson tout en sachant qu’elle ne sera jamais plus aussi idéaliste que lui, en ayant conscience de la maturité que cela lui procure tout en regrettant l’innocence ainsi perdue, il en est de même économiquement : elle a de l’ambition et aimerait se rêver aussi loin que son ami plus privilégié mais l’exigence quotidienne d’un travail souvent avilissant lui rappelle constamment qu’il ne s’agit pas de rêver mais d’agir et que cette sagesse pratique la grandit autant qu’elle l’abîme, l’englue dans une condition qui change trop souvent les ambitions en mirage. Malheureusement, ce propos on ne peut plus politique se fracasse en mille morceaux contre le sauvetage de la gentille travailleuse pauvre par le sauveur au grand cœur et ses quinze milles dollars tombés du ciel. Finie l’économie et le monde réel, seule reste l’amitié et son univers rêvé.
Pour en découvrir davantage sur la série, vous pouvez également lire mes analyses précédentes ici, ici et là.