Tag Archive: philosophie
Breaking Bad et le Mal
janvier 7, 2015
Ça a été dit et redit, Breaking Bad retrace sur cinq saisons la naissance et la croissance du Mal. Un monsieur tout le monde, en apparence du moins, voit peu à peu son visage changer du tout au tout lorsqu’il apprend qu’il n’a plus rien à perdre. Si l’on se concentre sur cette métamorphose, la série prend des accents de tragédie classique : assez rapidement il devient évident que le Mal qui anime Walter White, c’est son orgueil. On voit l’Ubris pointer le bout de son nez et on applaudit cette réinterprétation contemporaine d’un thème millénaire.
Pourtant, je suis intimement convaincu que cette figure du héros dévoré par son égo, dont la présence est indubitable, ne constitue pas le noyau du propos de la série sur la nature du Mal. A côté des scènes nous représentant un Walter en manque de reconnaissance, cherchant à reprendre le pouvoir sur sa vie et sur les autres, il en est tant qui nous le montre minable, paniqué, défait, malade et isolé par sa folie, qu’on ne peut prétendre longtemps qu’il s’agit là d’une figure exemplaire du personnage enivré de puissance.
Emission 2×14
décembre 13, 2014
Podcast: Play in new window | Download
Quatorzième émission de la saison 2 diffusée le 10 décembre 2014
New Girl ou l’insoutenable gravité de l’existence
octobre 3, 2014
En nous proposant de suivre les histoires d’amour, d’amitié, de travail de quelques trentenaires, qui se trouvent être colocataires, New Girl a toutes les apparences de la comédie classique. Diffusée sur la FOX, d’un format sitcom, avec des décors lumineux et colorés et une actrice principale très en vue, rien ne permet à priori d’en attendre plus qu’un moment de détente avec des personnages drôles et attachants.
Séries et philosophie : quelques lectures
septembre 9, 2014
Du poème de Parménide à La nausée de Sartre, la fiction a toujours été un allié inséparable de la démarche philosophique. Il est donc naturel que la série télévisée, dernière arrivée au rang des œuvres culturelles légitimes (pour certaines d’entre elles en tout cas, à savoir généralement les Drama), soient à leur tour investies par des philosophes.
Les Etats-Unis étant sur ces questions de légitimité de la culture de masse beaucoup plus rapides que nous, il est assez naturel que les deux premiers livres que je vais vous présenter succinctement ici, et la collection dont ils sont tirés, proviennent de cette partie du globe.
Kenny Powers : fierté et identité
août 16, 2014
Si les séries me plaisent autant, ce n’est pas seulement pour leur capacité de me faire ressentir des émotions brutes, comme je l’expliquais la semaine passée, c’est aussi pour les nombreuses réflexions qu’elles me permettent de faire naitre au sein de mon esprit malade. Je ne sais jamais quand ou comment, il n’y a à nouveau aucune règle, de qualité par exemple, qui permettrait de garantir une fécondité optimale. Ca m’apparait à un moment sans que je ne sache trop pourquoi.
Kaamelott : Contingence, ironie et solidarité
juillet 21, 2014
Si je reprends le titre du livre du philosophe américain, Richard Rorty, pour parler de cette série française, ce n’est pas par hasard. En effet, Alexandre Astier nous propose ici sa version personnelle du pragmatisme tel que nous le décrit Rorty.
Le programme en est ainsi détaillé : tout d’abord, il importe de prendre conscience de la contingence de nos évidences. Relativisation de nos valeurs, démonstration de l’arbitraire du langage, désenchantement à tous les étages. Comment ne pas y reconnaître le propos de Kaamelott qui systématise la formule en faisant du vocabulaire un sujet d’incommunicabilité permanente, en renvoyant toujours les actions les plus nobles aux préoccupations les plus basses, en faisant de tous les éléments sensément enchantés des occasions foireuses.
Les séries modifient-elles notre rapport au monde ?
juillet 21, 2014
Nos pratiques, qu’il s’agisse de nos habitudes alimentaires ou de nos moyens de transport, modifient nos besoins et notre perspective. Pas besoin de longues démonstrations pour prouver l’impact de la grande distribution ou de la généralisation de la voiture individuelle sur notre mode de vie.
Mais qu’en est-il de la fiction ?
Le format sériel comme mode en pleine expansion de consommer les récits, imaginaires ou non, laisse-t-il son empreinte sur notre vision du monde ? Et de quel type pourrait-elle être ?
Un tel impact serait probablement difficile à mesurer sans étude approfondie. Par contre, en imaginant comment les séries pourraient modifier notre rapport au monde, peut-être sera-t-on plus amène d’en observer les effets concrets.
Les séries sont-elles du fast-food culturel ?
juillet 21, 2014
Au même titre que Stephen King compare ses romans à du fast-food, donnant ainsi paradoxalement ses lettres de noblesse à une littérature de genre revendiquant son caractère facile, abordable, rapide et parfois vulgaire mais apportant au lecteur exactement l’évasion et le plaisir qu’il était venu chercher, peut-on affirmer que les séries sont à la culture ce que le fast-food est à la gastronomie ?
Immédiatement consommables, sans prérequis ni effort particulier, disponibles au bout de notre télécommande, parfois lourdes et indigestes, la plupart du temps formatées, les séries sont en effet des objets de consommation produits à la chaine pour conduire un maximum de public à regarder les publicités.
Les séries sont-elles le nouvel opium du peuple ?
juillet 21, 2014
Au même titre que, selon Marx, la religion justifie le pouvoir en place et maintient le prolétariat dans l’inaction, peut-on affirmer que les séries constituent l’allié privilégié d’un système capitaliste aujourd’hui mondialisé ?
Produits d’une industrie culturelle largement dominée par les préoccupations économiques et en majorité occupée par le marché américain, les séries réussissent de fait à maintenir un certain nombre d’entre nous cloitrés à la maison, inactifs et l’esprit occupé par des univers imaginaires inoffensifs.
Abreuvés d’une propagande molle mais surtout consentant à en ingurgiter toujours davantage, nous nous maintenons nous-mêmes dans un état végétatif.
Les séries sont-elles apolitiques ?
juillet 21, 2014
Que l’on regarde Urgence ou Dr House, The Wire ou Southland, ou même The Middle ou Modern Family, peut-on vraiment prétendre que cela n’aura aucun impact sur nos visions du monde ?
Est-ce politiquement neutre de se passionner pour un super-héros comme Batman ou de suivre les péripéties d’un service public dans Parks and Recreation ?
Poser ces questions, n’est-ce pas déjà y répondre ?
Il est évident que les séries ne peuvent être considérées comme des objets politiquement indifférents.
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