Critiques

Le politiquement correct selon South Park

Cet article a fait l’objet d’une publication antérieure sur le site de Smallthings.

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Comme je le disais dans mon bilan 2015, South Park nous a proposé en 2015 une excellente saison, démontrant ainsi si nécessaire, qu’elle n’a rien perdu de sa pertinence et de sa capacité à se réinventer.

Pour tous ceux qui aiment le South Park pourfendeur d’idéologies et de modes absurdes ou hypocrites, le South Park critique qui développe un propos sur le monde contemporain et la manière de ne pas y perdre son identité et son bon sens, cette saison 19 marque sans conteste un retour en force. Non seulement, elle revient ici à un des fondamentaux qui en ont fait un des animés incontournables des deux dernières décennies, à savoir une réflexion sur le politiquement correct et ses nombreux avatars, mais en développant celle-ci sur l’ensemble de ses dix épisodes en un arc narratif bien plus cohérent, elle y trouve un nouveau souffle laissant présager un  renouveau de la série.

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Flesh and Bone : mon corps e(s)t moi

Flesh-and-Bone

A l’heure où les problématiques sociétales et leur représentation par les séries télévisées sont devenues un critère de qualité et un argument critique de premier plan, parfois au dépend du simple plaisir de visionnage ou d’un véritable travail en profondeur des questions traitées, Flesh and Bone, la mini-série proposée par Starz, n’hésite pas à déstabiliser nos évidences en s’attaquant à un sujet difficile, celui de l’inceste, sans faire l’impasse sur ses aspects parfois dérangeants.

Un peu vite présentée comme le Mozart in the Jungle de la danse classique, Flesh and Bone propose pourtant bien plus que la découverte d’un milieu relativement hermétique et la déclinaison de ses excès urbains. Très vite, il apparait, en effet, que son propos sera ailleurs ; très vite une ambiance malsaine et une mise en scène appuyée des corps à l’écran nous indiquent que nous ne sommes pas ici dans la dramédie de mœurs.

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Fargo, la forme et le fond

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Fargo

Si la saison 1 de Fargo pouvait encore passer pour un OVNI télévisuel, un moment de grâce impossible à réitérer, la saison 2 nous confirme que nous avons là affaire à une très grande série, parfaitement maitrisée, pensée et mise en œuvre. Bien sûr les acteurs sont bons, la bande-son est géniale, la réalisation relève du grand art, mais plus que la rencontre d’excellents professionnels, Fargo nous propose un monde.

Un monde fait de paroles et de silence, de récits captivants et de quotidien, de références et d’incommunicabilité, un monde dans lequel les évènements suivent irrémédiablement leur cours, scellant sans pitié les destins individuels, sans pour autant qu’il soit possible d’y apposer un sens quelconque, un monde fictionnel qui joue au réel lorsque le réel qu’il nous présente se vit à travers les innombrables et inconciliables récits de ses personnages…

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You’re the Worst en quête de l’authenticité

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You're the Worst

Dans un article consacré à New Girl, j’expliquais comment cette série exprimait un besoin très contemporain d’affronter les difficultés de l’existence avec légèreté. La saison 2 de You’re the Worst nous propose d’approfondir encore ce point de vue en nous démontrant brillamment les limites de cette position.

S’il fallait définir You’re the Worst, nul doute que ce qui la décrirait le mieux serait son air de ne pas y toucher. Non seulement c’est une comédie romantique qui joue à ne pas l’être mais c’est surtout le portrait de personnages qui font mine d’être blasés de tout, cyniques et imperméables aux émotions. C’est d’ailleurs sur ce ton que nous les avions quittés en fin de saison 1 qui nous les montrait emménager ensemble sur un prétexte, presque un malentendu.

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Fargo est de retour !

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Il en est des séries comme des gens, chaque nouvelle rencontre est faite d’appréhension et d’excitation, d’attente et de préjugés, d’automatismes polis et de surprise. Certaines ont déjà une fameuse réputation qui les précède, et que le premier contact nous permet de confirmer ou d’infirmer, d’autres déboulent au contraire sans que rien ne nous y prépare.

Malgré son titre, et la reprise qu’elle propose de l’univers mis en place par le film iconique des frères Coen, Fargo faisait plutôt partie de la deuxième catégorie pour moi tant je n’en attendais rien lorsque j’en ai lancé le premier épisode. Et là, comme dans les comédies romantiques, mon cœur s’est arrêté… Le coup de foudre venait de me frapper et plus rien ne pourrait désormais être comme avant.

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Masters of Sex atteint du syndrome Showtime

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Masters of Sex

Parmi les incontournables de l’été précédent, la saison 2 de Masters of Sex nous avait ravi par la finesse de son propos et l’intelligence de sa narration. Il n’est pas peu dire que le retour de la série était attendu avec gourmandise. A l’heure du bilan, notre appétit a-t-il été satisfait ?

Alors que nous avions quitté nos héros, enfin stabilisés professionnellement dans leur nouveau cabinet mais fragilisés intimement, notamment par la perte de la garde des enfants de Virginia, la saison 3 surprend à sa reprise par l’ellipse de temps qu’elle propose. Ce choix, probablement justifiable par le manque d’événement significatif dans le parcours des personnages historiques servant d’inspiration au récit entre l’émission télévisée et la publication de leur livre, déçoit néanmoins car on ne peut s’empêcher de se sentir privé de ce qui fait le sel de la série, à savoir l’évolution ténue des relations.

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Narcos : Pablo… et puis le reste

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narcos

Proposant, dans cette première saison, de retracer le parcours du cartel de Medellin et de son chef, Pablo Esquobar, Narcos fait immédiatement mouche grâce à un pilote à la fois original, instructif et particulièrement efficace et à un personnage central fascinant, impeccablement interprété par Wagner Moura.

Peu au fait des évènements que la série entreprend de raconter, je me suis donc d’emblée laissé prendre au jeu de sa voix off, donnant les clés d’interprétations historiques et géopolitiques des évènements dont la fiction nous laisse entrevoir l’aspect plus subjectif et individuel. La manière dont le développement de ce trafic est mis en parallèle avec la lutte américaine contre le communisme dans cette région, par exemple, permet une lecture politique des événements qui n’est pas pour me déplaire.

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Show Me a Democracy

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Show Me a Hero

Un an et demi après la fin de Treme, David Simon nous est revenu, le temps d’une mini-série de six fois une heure, nous proposer ce qu’il fait le mieux : une plongée dans la complexité et la quotidienneté d’une problématique politique.

Basée sur le livre d’une journaliste du New York Times, Lisa Belkin, la série relate la difficile mise en œuvre d’une loi imposant la construction de logements sociaux dans les quartiers blancs de la ville de Yonkers, New York. Inspirée par l’urbaniste Oscar Newman, cette directive destinée à endiguer la criminalité des grandes tours en offrant la possibilité à chacun de se sentir responsable de son bout de terrain, y a, en effet, rencontré une résistance telle qu’elle a mis plus de dix ans à se concrétiser.

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Pourquoi Dawson c’est génial ?

Dawson

Si l’on dépasse le côté racoleur, et peut-être un peu provocateur, du titre, qui se veut un clin d’œil au podcast du (presque) même nom consacré à Buffy, la question se pose sérieusement pour moi de savoir pourquoi, malgré les années qui passent, malgré ma culture sérielle qui s’élargit toujours davantage, ne faisant que mettre en évidence un peu plus chaque fois ses nombreux défauts, malgré l’identification de moins en moins évidente avec ses personnages au vu de mon âge avancé ; pourquoi, donc, dans ma vie le besoin d’un retour à Dawson reste toujours aussi vivace.

(N.B.: pour ceux que la longueur de cet article rebuterait, vous trouverez ici une critique précédente sur cette série, beaucoup plus courte et abordable.)

Bien sûr, une part de l’explication peut sans doute se trouver dans un certain nombre de données subjectives, ayant trait à mon vécu et à ma personnalité. Contrairement à un reproche régulièrement formulé à son encontre, par exemple, les dialogues de la série me sont extrêmement réels car, oui, sans doute que je parlais un peu comme ça à l’adolescence.

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Rectify, troisième temps

Cet article a fait d’objet d’une publication antérieure sur le site de Small Things.

RectifySérie contemplative, s’il en est, traitant magnifiquement de l’indicible et de l’incommunicabilité, Rectify nous saisissait l’an dernier par l’intensité de la scène d’ « aveux » de Daniel. Pourtant, et c’est ce qui en faisait la beauté, rien n’est véritablement dit au sortir de ce deuxième volet, si ce n’est l’impossibilité d’extraire l’objectivité des faits de la fragilité des souvenirs.

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